Le point GI-18, de par sa facilité d’accès et son exposition, est un point couramment utilisé en Kyusho, notamment dans des enchainements bras-tête, en situation de défense intérieure. A-delà de cette simplicité apparente, ce point n’entraine pas toujours les effets escomptés, ce qui peut conduire les pratiquants à essayer « plus fort » et ainsi à des mises en danger du partenaire à éviter absolument. C’est ce que nous allons voir dans cet article.
Le point GI-18, 18eme point du méridien du gros-intestin, est situé au niveau de la proéminence laryngée (pomme d’Adam), donc au même niveau que les points E-9 et IG-16, à 3CUN latéralement de celle-ci. On dit aussi qu’on peut le localiser facilement à environ un travers de paume de cette proéminence sur le muscle sternocléidomastoïdien. Il est le point de réunion des branches divergentes des méridiens Poumon et Gros Intestin, ce qui en fait un point yin/yang en soi.
La localisation exacte du point montre que celui-ci n’est pas tout à fait situé sur le côté du cou, mais légèrement en avant entre les deux faisceaux du muscle sternocléidomastoïdien. Donc, si l’effet normalement attendu n'est pas induit, il faut avant toute chose s’assurer du respect du premier des 3 principes de base : la localisation exacte du point. Le schéma ci-contre expose clairement l’erreur courante de localisation de la frappe (cercle rouge) et la situation précise du point. Voilà pour la localisation.
Du point de vue anatomique, les auteurs écrivant sur le Kyusho, ou assimilés, invoquent l’innervation du point par les nerfs grand auriculaire, cervical cutané, occipital inférieur, et accessoire. Un examen plus attentif de sources anatomiques classiques, tel que le Gray’s, dont un extrait figure ci-dessous, semble pourtant montrer que 3 de ces nerfs ne passent pas par le point GI-18 (cf. encadrés rouges). Ce point n’a bien sûr pas d’existence anatomique en soi, il ne peut donc être « innervé » au sens classique du terme. Ce qu’on cherche à identifier, ce sont le ou les éléments touchés lorsque nous pressons à l’endroit du point GI-18.
Le nerf cervical cutané, qui passe sur le muscle sternocléidomastoïdien, peut être effectivement invoqué. La localisation exacte du point GI-18, entre les deux faisceaux musculaires du muscle, nous incite à penser que l’on cherche aussi à atteindre la jugulaire externe au niveau sanguin (et non les artères et veines cervicales comme cité couramment), ainsi que quelque chose qui est situé derrière le muscle (cf. ci-dessous, schéma de gauche). Ce quelque chose nous semble être le nerf phrénique dans sa branche reliée à C3 et C4, et le nerf spinal dans son rameau ventral relié à C4 (cf. ci-dessous, schéma de droite). L’anse cervicale pourrait être également accessoirement touchée. D'où l’angle de 30 à 45° vers la colonne vertébrale à respecter impérativement.
On l’a vu, nous nous positionnons légèrement différemment d'auteurs reconnus sur ces questions anatomiques du point GI-18. Sans le recours de spécialiste en anatomie, ces théories sont exposées ici avec humilité et réserve. D’autant qu’un simple changement de trajectoire modifie les zones impactées. Cet article vise essentiellement à mieux comprendre ce que nous devons atteindre et obtenir.
Quelles que soient les hypothèses anatomiques retenues, compte tenu de la richesse nerveuse, sanguine locale et de la proximité immédiate des sinus et glomus carotidiens, il s’agit là d’un point à manipuler avec beaucoup de précision et grande précaution, même s’il parait en soi moins dangereux qu’E-9. Son utilisation en situation réelle de survie s’avère de fait intéressante, notamment contre un agresseur plus corpulent. Dans ce cas, bien évidemment, le cadre légal de la légitime défense est toujours à respecter. La difficulté en situation réelle, avec stress et mouvement, sera, comme pour nombre de points de Kyusho, de parvenir à ce niveau de précision. C’est la faiblesse du Kyusho que d’exiger ce degré de précision. Faiblesse qui compense la fragilité théorique du corps humain qu’il exploite et révèle. On aura donc grand intérêt à garder cela en mémoire lorsque le partenaire consentant nous prête son corps de bon aloi et nous fait confiance sur la façon de le traiter.
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